Ce que nous apprennent les archives, cent ans plus tard.

Plus de 100 ans aprĂšs la fin de la PremiĂšre Guerre mondiale, les archives nous dĂ©voilent encore leurs secrets. Pour tout historien, elles sont le seul rempart contre l’idĂ©ologie, la subjectivitĂ© ou la manipulation. De nombreux historiens ont prĂ©tendu que les Allemands avaient dĂ©truit leurs archives afin de dissimuler des exactions commises ou pour effacer des traces de leurs crimes. D’autres affirment que les archives ont Ă©tĂ© dĂ©truites par les bombardements lors de la Seconde Guerre mondiale, ce qui est vrai, en partie. Le systĂšme militaire allemand et son administration sont des producteurs massifs d’archives et ces derniers ne manquaient pas de fournir les listes et autres documents Ă  leurs tutelles ou aux institutions telles que le ComitĂ© International de la Croix Rouge qui avait un bureau spĂ©cial pour les prisonniers de guerre roumains. Si une partie des archives a bien pu disparaitre, la grande majoritĂ© est encore conservĂ©e et, Ă  cause de l’écriture du dĂ©but du siĂšcle, souvent ignorĂ©e parce qu’inexploitable. AprĂšs plusieurs annĂ©es de recherches, l’accĂšs Ă  ces archives est devenu possible et un siĂšcle aprĂšs, l’historien dĂ©couvre des pans de l’histoire des Roumains en Alsace encore ignorĂ©s Ă  ce jour.

CICR ©

Ainsi, de nouveaux Ă©lĂ©ments sur la captivitĂ© des soldats roumains prisonniers de guerre en Alsace voient le jour et permettent d’identifier des victimes de la guerre oubliĂ©es dans cette contrĂ©e lointaine oĂč les hommes sont venus mourir dans les conditions les plus effroyables, la faim et l’épuisement aura eu raison des organismes les plus rĂ©sistants. L’hiver 1917 est mortel et le nombre de dĂ©cĂšs est trĂšs Ă©levĂ©. Les tempĂ©ratures descendent en-dessous de 20°C et le travail harassant auquel sont soumis les organismes dĂ©nutris ne rĂ©sistent pas longtemps. Des dĂ©tachements de travail entiers sont dĂ©cimĂ©s, les hĂŽpitaux militaires sont surchargĂ©s de malades et dĂ©clarent quotidiennement le dĂ©cĂšs de jeunes hommes.

Collection Christophe Woehrle ©

Un de ces commandos, modeste, n’a encore jamais Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© et nous rĂ©vĂšle le nom de certaines victimes que l’histoire a oubliĂ©. Aujourd’hui, nous sommes en mesure de les citer et de tenter de retrouver leurs familles qui, Ă  ce jour, ne connaissent, pour la plupart, pas le destin mortel qu’a connu leur aĂŻeul.

Collection Christophe Woehrle ©

Merci de nous aider Ă  retrouver leurs descendants.

Sur les crĂȘtes vosgiennes, les Allemands construisent inlassablement des ouvrages ferroviaires afin d’alimenter le front qu’ils tiennent encore en ce dĂ©but de 1917. Les prisonniers de guerre roumains, arrivĂ©s au dĂ©but de l’annĂ©e, sont utilisĂ©s comme main-d’Ɠuvre Ă  la construction de ces lignes de chemin de fer, certaines traversant des cols. C’est ainsi, qu’au col de PrayĂ©, Ă  quelques kilomĂštres de Moussey dans le dĂ©partement des Vosges, que de petits dĂ©tachements de travail sont créées. Les prisonniers de guerre y meurent presque quotidiennement.

Photo Artois14-18 ©

Au col de PrayĂ© sont dĂ©cĂ©dĂ©s (certains reposent Ă  la nĂ©cropole nationale de Dieuze en Lorraine :

  • Constantin Gheorghe nĂ© en 1884 Ă  Boldesti dans le judet de Prahova
  • Constantin Talmaciu nĂ© en 1888 Ă  Casa-Veche, judet d’Olt
  • Mihai Dascalu nĂ© en 1885 Ă  Racaciuni judet de Bacau
  • Mihai Dobos nĂ© en 1883 Ă  Horgesti judet de Bacau
  • Dumitru Gawrila nĂ© en 1883 Ă  Poduri judet de Bacau

Christophe Woehrle 2020 ©