Plus de 100 ans aprĂšs la fin de la PremiĂšre Guerre mondiale, les archives nous dĂ©voilent encore leurs secrets. Pour tout historien, elles sont le seul rempart contre lâidĂ©ologie, la subjectivitĂ© ou la manipulation. De nombreux historiens ont prĂ©tendu que les Allemands avaient dĂ©truit leurs archives afin de dissimuler des exactions commises ou pour effacer des traces de leurs crimes. Dâautres affirment que les archives ont Ă©tĂ© dĂ©truites par les bombardements lors de la Seconde Guerre mondiale, ce qui est vrai, en partie. Le systĂšme militaire allemand et son administration sont des producteurs massifs dâarchives et ces derniers ne manquaient pas de fournir les listes et autres documents Ă leurs tutelles ou aux institutions telles que le ComitĂ© International de la Croix Rouge qui avait un bureau spĂ©cial pour les prisonniers de guerre roumains. Si une partie des archives a bien pu disparaitre, la grande majoritĂ© est encore conservĂ©e et, Ă cause de lâĂ©criture du dĂ©but du siĂšcle, souvent ignorĂ©e parce quâinexploitable. AprĂšs plusieurs annĂ©es de recherches, lâaccĂšs Ă ces archives est devenu possible et un siĂšcle aprĂšs, lâhistorien dĂ©couvre des pans de lâhistoire des Roumains en Alsace encore ignorĂ©s Ă ce jour.

Ainsi, de nouveaux Ă©lĂ©ments sur la captivitĂ© des soldats roumains prisonniers de guerre en Alsace voient le jour et permettent dâidentifier des victimes de la guerre oubliĂ©es dans cette contrĂ©e lointaine oĂč les hommes sont venus mourir dans les conditions les plus effroyables, la faim et lâĂ©puisement aura eu raison des organismes les plus rĂ©sistants. Lâhiver 1917 est mortel et le nombre de dĂ©cĂšs est trĂšs Ă©levĂ©. Les tempĂ©ratures descendent en-dessous de 20°C et le travail harassant auquel sont soumis les organismes dĂ©nutris ne rĂ©sistent pas longtemps. Des dĂ©tachements de travail entiers sont dĂ©cimĂ©s, les hĂŽpitaux militaires sont surchargĂ©s de malades et dĂ©clarent quotidiennement le dĂ©cĂšs de jeunes hommes.

Un de ces commandos, modeste, nâa encore jamais Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© et nous rĂ©vĂšle le nom de certaines victimes que lâhistoire a oubliĂ©. Aujourdâhui, nous sommes en mesure de les citer et de tenter de retrouver leurs familles qui, Ă ce jour, ne connaissent, pour la plupart, pas le destin mortel quâa connu leur aĂŻeul.

Merci de nous aider Ă retrouver leurs descendants.
Sur les crĂȘtes vosgiennes, les Allemands construisent inlassablement des ouvrages ferroviaires afin dâalimenter le front quâils tiennent encore en ce dĂ©but de 1917. Les prisonniers de guerre roumains, arrivĂ©s au dĂ©but de lâannĂ©e, sont utilisĂ©s comme main-dâĆuvre Ă la construction de ces lignes de chemin de fer, certaines traversant des cols. Câest ainsi, quâau col de PrayĂ©, Ă quelques kilomĂštres de Moussey dans le dĂ©partement des Vosges, que de petits dĂ©tachements de travail sont créées. Les prisonniers de guerre y meurent presque quotidiennement.

Au col de Prayé sont décédés (certains reposent à la nécropole nationale de Dieuze en Lorraine :
- Constantin Gheorghe né en 1884 à Boldesti dans le judet de Prahova
- Constantin Talmaciu nĂ© en 1888 Ă Casa-Veche, judet dâOlt
- Mihai Dascalu né en 1885 à Racaciuni judet de Bacau
- Mihai Dobos né en 1883 à Horgesti judet de Bacau
- Dumitru Gawrila né en 1883 à Poduri judet de Bacau
Christophe Woehrle 2020 ©