Fiches médicales VIIA

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Fonds de Sauvegarde des Archives des Prisonniers de guerre de la Seconde Guerre mondiale
Sauvegarder la mémoire
De nombreuses pages facebook, de nombreux sites internet fleurissent sur la toile dans le but d’entretenir la mĂ©moire de la Seconde Guerre mondiale. La RĂ©sistance, la Shoah, les Prisonniers de guerre, le Devoir de mĂ©moire sont autant de sujets alimentĂ©s par des administrateurs dĂ©vouĂ©s. Tout ceci est fait bĂ©nĂ©volement.
Or, ne soyons pas dupes, le bĂ©nĂ©volat et l’altruisme sont en recul dans un monde oĂč les individualitĂ©s et le rejet de l’autre ne font qu’augmenter
 il suffit de considĂ©rer le Brexit ou la montĂ©e des extrĂȘmes dans toute l’Europe, les attentats. Certains, non pas qu’ils ne respectent rien, mais par pure ignorance du partage, cherchent Ă  se faire de l’argent en vendant sur des sites d’enchĂšres, des fonds prĂ©cieux pour quelques euros.
Une croix gammĂ©e, un « Heil Hitler » en fin de document, et dĂ©jĂ  le vendeur se retrouve avec l’impression de possĂ©der l’objet que tout le monde va s’arracher Ă  prix d’or. L’historien, lui, ne voit que le contenu du document et l’information qu’il contient qui permet de comprendre mieux la pĂ©riode noire du nazisme. Parfois, ce sont des lots complets de documents qui sont vendus et qui, une fois vendus, sĂ©parĂ©s et revendus, perdent tout leur intĂ©rĂȘt. Ce sont aussi des documents individuels, l’histoire d’un homme, d’une famille, qui se retrouvent ainsi vendus et se perdent Ă  jamais pour les descendants.
GrĂące Ă  la page facebook de LoĂŻc Pinçon-Desaize et la vigilance de ses membres actifs du groupe, le 29 mai dernier Ă©tait dĂ©tectĂ©e une vente de fiches mĂ©dicales par lot de 10 (il y en avait 7) du Stalag VII de Moorsburg. Ce ne sont que 70 fiches, mais tout de mĂȘme, 70 dossiers mĂ©dicaux individuels et personnels qui se retrouvent sur le net. En lisant les commentaires du groupe, beaucoup s’indignaient et d’autres s’interrogeaient sur le rĂŽle des archives nationales. La question se pose mais pendant ce temps, le lot se dispersait dans la nature, malgrĂ© l’intervention de LoĂŻc Pinçon-Desaize auprĂšs des autoritĂ©s, qui n’ont pas les moyens de rĂ©agir rapidement et efficacement.
Comme certains autres membres, j’ai dĂ©crochĂ© mon tĂ©lĂ©phone et appelĂ© le vendeur du lot. AprĂšs lui avoir expliquĂ© mon travail de recherche et mon implication dans le devoir de mĂ©moire, ce dernier m’avouait possĂ©der entre 120 et 150 lots de 10 fiches mĂ©dicales ! J’ai alors pris la mesure de l’ampleur des dĂ©gĂąts si ce fond venait Ă  disparaĂźtre. Il me fallait agir. J’ai donc, immĂ©diatement commencĂ© Ă  nĂ©gocier un sauvetage avec lui. En tant que vendeur, il est normal qu’il ne fĂ»t pas question pour lui de cĂ©der le lot pour rien et d’en faire don, mais il n’était pas insensible Ă  mes arguments et nous avons finalement trouvĂ© un accord financier que je pouvais supporter. Je me suis donc rendu acquĂ©reur du fonds, pour le sauver.
Je peux vous annoncer officiellement aujourd’hui, que c’est chose faite, le colis est arrivĂ© aujourd’hui et je suis l’heureux « propriĂ©taire » du fonds de fiches mĂ©dicales. La premiĂšre Ă©tape du sauvetage des archives est donc un succĂšs. J’ai sommairement fait le compte, il y a environ 1500 fiches mĂ©dicales nominatives individuelles. Entretemps j’ai fait l’acquisition de 150 fiches supplĂ©mentaires appartenant au mĂȘme lot.
Et maintenant ? Comme ce vendeur, je me retrouve en possession de quelque chose que je ne devrais pas possĂ©der et pour lequel j’ai dĂ©pensĂ© de l’argent. Vais-je simplement le remettre aux Archives et me substituer Ă  leur rĂŽle ? C’est envisageable. Mais les archives vont-elles les numĂ©riser, les rendre accessibles aussi facilement que je pourrais le faire en traitant moi-mĂȘme ce fond d’archives ? Mais est-ce mon rĂŽle, tout le monde pourrait-il avoir accĂšs aux documents si ils sont stockĂ©s chez moi et publiĂ©s sur mon site ? Non, Ă©videmment, il faut trouver une autre solution.
J’y ai longtemps rĂ©flĂ©chi et pesĂ© le pour et le contre. Ce qui m’est apparu comme Ă©vident dĂšs mes premiĂšres pensĂ©es, c’est que j’avais sauvĂ© un lot, mais combien de lots, de correspondances, de documents se retrouvaient ainsi dilapidĂ©s sur l’autel du commerce en ligne ? Mon action est louable mais quel est son impact sur le long terme et sur les autres documents ?
Des internautes demandaient : It is extremely important to save this, what can we do? (il faut absolument sauver ce fonds, que pouvons-nous faire?) C’est Ă  cette question que je vais tenter de rĂ©pondre.
Tout d’abord, je vais nettoyer et restaurer le fonds, qui a Ă©tĂ© stockĂ© dans des conditions plutĂŽt mauvaises et on ne peut restituer ce fonds en l’état aux Archives.
Ensuite, face aux difficultĂ©s de l’administration Ă  numĂ©riser ses fonds, je vais numĂ©riser le fonds afin de le sauvegarder.
Puis ce sera le travail le plus long, je vais entreprendre la saisie et la transcription de chaque fiche médicale.
Tout ce travail achevé, se posera la question du versement aux archives.
J’ai dĂ©cidĂ© de faire appel Ă  un fonds de dotation existant spĂ©cialisĂ© dans le Devoir de mĂ©moire. Je ferais appel Ă  la gĂ©nĂ©rositĂ© des internautes qui pourront dĂ©fiscaliser leurs dons au 2/3 (Exemple : En faisant un don de 10€, le donateur pourra rĂ©cupĂ©rer 6.60€ sur ses impĂŽts). Le Fonds crĂ©era une section « sauvegarde du patrimoine documentaire de la Seconde Guerre », dans lequel je pourrais puiser, si les fonds sont suffisants, pour sauver d’autres fonds vouĂ©s Ă  la vente. DĂšs que les documents seront financĂ©s par les dons, traitĂ©s et numĂ©risĂ©s, ils seront reversĂ©s aux Archives nationales.
Je fais maintenant un appel aux dons sur les pages Facebook et les sites internet dĂ©diĂ©s au devoir de mĂ©moire. Il en sera Ă©galement fait un du cĂŽtĂ© allemand, les Allemands sont rĂ©putĂ©s gĂ©nĂ©reux dĂšs qu’il s’agit de sauvegarder la mĂ©moire.
N’hĂ©sitez pas Ă  rĂ©agir et donner votre avis, je prendrais en considĂ©ration et tiendrais compte de chacun d’entre eux.
Merci d’avoir pris le temps de lire

Christophe Woehrle

Pour faire un don ou pour toute question contactez : christophe.woehrle@prisonniersdeguerre.com