YĂ©niches – Gens du voyage – OubliĂ©s de la rĂ©pression nazie
Johann Ernwein est né le 17 octobre 1888 à Reichstett dans le Bas-Rhin fils naturel de Marie Bodin, reconnu par le mariage en 1898 avec Hubert Ernwein à Griesheim (Bas-Rhin)
Il Ă©pouse le 5 janvier 1916 Ă Saverne (Bas-Rhin), HĂ©lĂšne Faller. Câest avant juin 1942 que le couple ERNWEIN-FALLER est arrĂȘtĂ© Ă Strasbourg et les deux placĂ©s en dĂ©tention provisoire par la Kripo parce que considĂ©rĂ©s comme asociaux (nomades et vanniers) et finalement expulsĂ©s en zone libre vers Lyon.
Le 20 juin 1942 Ă Lyon, leur est dĂ©livrĂ© son carnet anthropomĂ©trique dâidentitĂ© n°95442 pour les nomades.
Lâacte de naissance dâHelene Faller, nĂ©e le 2 aoĂ»t 1894 Ă Krautergersheim, commune rurale situĂ©e Ă quelques kilomĂštres au sud-ouest de Strasbourg, la dĂ©signe comme fille dâAloĂŻs Faller et de Caroline Segula18, patronymes rĂ©pandus chez les familles itinĂ©rantes dâAlsace et de Moselle. Elle est mariĂ©e avec Johann Ernwein, nĂ© en 1888 Ă Reichstett, dans le Bas-Rhin
Ils sont signalĂ©s Ă Lyon le 22 juin 1942 par la prĂ©fecture du RhĂŽne dans une correspondance avec la prĂ©fecture des PyrĂ©nĂ©es-Orientales. Dans ce courrier, le prĂ©fet lyonnais indique que quatre familles « nomades » originaires dâAlsace â les Redelsperger, les Ernwein, les PulvermĂŒller et les MĂŒller â ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©es par convoi vers le camp de Rivesaltes.
Cette politique dâinternement des familles alsaciennes trouve son origine dans une circulaire datĂ©e du 28 septembre 1940 oĂč lâinternement des « nomades français » refoulĂ©s dâAlsace-Lorraine dans le camp dâArgelĂšs-sur-Mer est prĂ©conisĂ©. Mais depuis janvier 1941, câest dĂ©sormais Ă Rivesaltes que sont rassemblĂ©es les « nomades ». Helene et Johann Ernwein sont enregistrĂ©s au camp le 23 juin 1942 (Doulut, 2015 : 100). Sans doute, Helene et Johann croisent le regard et lâobjectif de Friedel Bohny-Reiter.
Ă partir de lâĂ©tĂ© 1942, les internĂ©s de Rivesaltes sont progressivement transfĂ©rĂ©s vers le camp de Saliers, camp dâinternement crĂ©e ex nihilo par les autoritĂ©s françaises dans la rĂ©gion dâArles, en Camargue. Le 26 novembre, un dernier convoi de 299 « nomades » quitte Rivesaltes (Hubert, 1997 : 126). Pourtant, Johann et Helene Ernwein ne sont pas parmi eux. Pour une raison inconnue, ils ont Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ©s au centre de sĂ©jour surveillĂ© de Saint-Sulpice, dans le Tarn, oĂč leur prĂ©sence est signalĂ©e en dĂ©cembre 1942. Le 8, le prĂ©fet du Tarn ordonne le transfert de ces deux « nomades » vers Saliers.
Johann et Helene, matricules 189 et 190, logent tous les deux dans le baraquement 28. Ă Saliers, la vie quotidienne est trĂšs Ă©prouvante et les dĂ©tenus sont dans un dĂ©nuement complet. Helene Faller dĂ©cĂšde dans le camp le 9 juillet 1943. Son mari, Ă©vacuĂ© vers lâhĂŽpital dâArles le mĂȘme jour, meurt le 19 juillet 1943.
Le 8 avril 2022 suite à mes démarches, le couple ERNWEIN-FALLER a obtenu la mention MORT POUR LA FRANCE
Christophe Woehrle 2022 (c)