Baiatu Lecu – Alexandru Bonta

Qui sait aujourd’hui qu’Alexandru Bonta, ce jeune soldat roumain de 34 ans, a perdu la vie dans les Vosges, en Alsace ? Dans quelles conditions est-il décédé, quel a été son parcours dans la Grande Histoire, celle de la Première Guerre mondiale. Il est une des victimes, de ces millions de victimes de ce conflit mortifère.


Base sépultures de guerre, mémoire des hommes ©

On sait qu’il était marié, avait-il des enfants ? A-t-il une descendance qui un jour se demandera, mais qu’est-il arrivé à ce grand-père et où son funeste destin l’a-t-il mené ? Leur tâche sera rude de reconstituer le parcours, ardue mais pas impossible ! Lorsque, après de longues recherches, ils auront remonté la piste jusqu’en Alsace, et qu’ils apprendront que leur aïeul repose dans la nécropole roumaine de Dieuze, là où toutes les victimes de la commune où il est décédé ont été transférés … quelle déception quand ils ne pourront trouver le nom de leur « héros » sur la plaque d’une tombe.


Monument cimetière Dieuze – Luca Niculescu ©

En effet, qui pourra leur dire que la tombe portant l’inscription Baiatu Lecu est celle qu’ils recherchent. Ils repartiront déçus, tristes de n’avoir pu se recueillir sur la sépulture de leur ancêtre, et pourtant, elle était là, à côté, peut-être sont-ils passés devant sans la voir, peut-être ont-ils prononcé le nom inscrit sur cette tombe, sans savoir qu’ils venaient de le nommer. C’est l’histoire tragique de milliers de familles qui se mettront sur les traces de leur histoire et qui n’auront pas les outils pour trouver.


CICR ©

C’est le travail de l’historien d’analyser, de recouper, de vérifier et de corriger, si nécessaire. Le temps passe et plus que jamais, il est temps de redonner une identité aux oubliés de cette Histoire, aux prisonniers de guerre roumains venus en terres lorraines et alsaciennes pour y finir leur existence dans des circonstances dramatiques, nous leur devons.


CICR ©

Alexandru Bonta, soldat de la 8e compagnie du 64e Régiment d’Infanterie, né en 1882 à Valea-Rea dans le judet de Tecuci, époux de Safta Bonta, fait prisonnier le 30 novembre 1916 à Matau et transféré au camp de prisonniers de guerre de Tuchola en Pologne, puis vers le front vosgien en janvier 1917. Décédé à Bourg-Bruche, département du Bas-Rhin, le 9 mars 1917 où il est enterré. Son corps est exhumé dans les années 1920 pour être inhumé dans la nécropole nationale de Dieuze en Lorraine. Sa tombe porte l’inscription Baiatu Lecu.

Christophe Woehrle 2020 ©