De Provita à Bischheim

La nécropole de Haguenau, dans le nord de l’Alsace, est le témoin du martyr des prisonniers de guerre roumains lors de la Première Guerre mondiale. Ici, reposent des centaines de soldats, décédés loin de leur patrie, utilisés à la construction de voies ferrées vers les fronts vosgiens, dans des conditions sanitaires terribles.

Ils sont morts épuisés, sous-alimentés, parfois maltraités, comme le pire ennemi d’une nation qui, à l’époque, avait vu dans l’entrée en guerre de la Roumanie, un acte de traîtrise qui allait entraîner la mort de milliers de Roumains.

Abandonnés en terre inconnue, proche des lignes de front, ils meurent dans le plus parfait anonymat. Lorsqu’ils ont de la chance, on les enterre dans une tombe individuelle, si tout va bien, les autorités allemandes indiqueront leur nom sur une plaque, parfois sans que ce dernier ne puisse être vérifié et il arrive, au gré de notre déambulation dans la nécropole, de trouver une tombe qui indique qu’ici repose un inconnu.

Être inconnu, c’est tombé dans l’oubli, c’est n’avoir pas existé ! Inconnu, c’est avoir fait le don de sa vie au service de la patrie sans que celle-ci ne puisse reconnaître la valeur du sacrifice. Enterré inconnu, c’est la certitude que personne ne viendra déposer de fleurs sur notre tombe et que nos descendants ne pourront s’incliner avec fierté sur la tombe du héros familial.

L’historien a beaucoup de mal avec la notion d’inconnu et il cherche jusqu’à trouver. Parfois il échoue, d’autres fois il réussit et sort de l’oubli, celui qui pourra enfin retrouver sa place dans les tableaux d’honneur et la mémoire familiale.

Le prisonnier de guerre roumain n°35960 est décédé à Bischheim au printemps 1917, son acte de décès établi par l’administration allemande indique qu’il s’appelle Belenca Belein, matricule 35960, soldat du 7e régiment d’infanterie, originaire du judet de Prahova, sans autres indications.

Archives Départementales du Bas-Rhin – Acte de décès en ligne (c)

Les archives du CICR ne conservent pas de fiche au nom de ce prisonnier de guerre. C’est l’indication de son matricule qui permet d’identifier cet inconnu.

Archives du CICR (c)

Il s’appelle en réalité
Jon Balan, il est sous-officier dans la 9e compagnie du 7e régiment d’infanterie. Il est né en 1888 à Provița dans le judet de Prahova. Il est fait prisonnier le 20 novembre 1916 à Târgoviște, judet de Dâmbovița et transféré au camp de Tucholà en pologne puis vers l’Alsace. Il arrive au quartier général allemand à Ensisheim puis, le 28 février 1917, avec 13 autres prisonniers, il est transporté par le train vers le nord de l’Alsace. C’est à Bischheim que l’on perd la trace du détachement et l’administration allemande déclare que les 14 soldats sont morts lors de leur transfert dans la nuit du 28 février au 1er mars, sans que soit découvert, à ce jour, la raison de leur disparition.

Tous ont été enterrés comme inconnus ! Tous ont retrouvé leur identité.

Archives du CICR (c)

Merci de nous aider à retrouver la famille et les descendants de cet homme dont nous récapitulons les éléments essentiels
BALAN Jon, né en 1888 à Provița judet de Prahova, sous-officier au 7e Régiment d’infanterie, il indique le nom de Maria Guran comme contact en Roumanie qui habite également à Provița. Merci pour votre aide !