Début 1916, la Roumanie n’est pas entrée dans le conflit, ce sera le cas après l’été. Comme de nombreux Roumains, Gheorghe Chirnogeanu, né en 1878, est mobilisé pour aller combattre. Ce paysan de l’est de Bucaret, du comté d’Jlfov, alors âgé de 39 ans doit prendre les armes et s’engage vers l’inconnu. Son épouse le voit partir sans savoir s’il reviendra, tout le monde le sait, cette guerre est meurtrière et le risque d’y laisser sa vie est majeur. C’est dans les faubourgs de la capitale qu’il est capturé le 14 décembre 1917, le jour du troisième anniversaire de mon grand-père, né en Alsace. Le destin les rapprochera, ils se côtoieront sans jamais se rencontrer, car l’Alsace est la destination finale du captif roumain.
Collection Christophe Woehrle ©
De nombreux prisonniers roumains meurent des conditions de transfert et du froid rigoureux de cet hiver 1916/1917. Gheorghe y survit et est employé dans un détachement de travail à proximité de Strasbourg. C’est au début de l’année 1918 qu’il tombe malade et est admis à l’hôpital de forteresse de Strasbourg où il succombe le 27 avril 1918. Inhumé au cimetière de Cronenbourg, sa dépouille est transférée en 1992 vers le carré roumain de Haguenau. Sa tombe porte l’inscription suivante : Chiraogann George + 30 avril 1917.
Photo Christophe Woehrle ©
Il est décédé à l’âge de 40 ans, loin de son épouse Flora. A-t-elle su que son mari est décédé en Alsace ? Les archives du CICR ne mentionnent pas le décès de Gheorghe Chirogeanu et aucun communiqué n’a été fait à la famille ou dans sa ville de naissance. J’ai eu la chance de connaître mon grand-père jusqu’en 1984, mon arrière-grand-père est décédé en 1948 à l’âge de 70 ans avec une descendance prospère. 112 années ont passées depuis le décès de Gheorghe Chirnogeanu que l’on a enterré à Haguenau sous une identité erronée, qui se souvient encore de cet homme ? Quelle famille a-t-il laissé dans la douleur de la perte d’un fils, d’un mari, d’un père ? Ce travail rend hommage à tous ces hommes, enterrés sur nos terres.
Archives de la Ville de Mulhouse, Fonds Dollfus ©
Aidez-nous à retrouver sa descendance …
Christophe Woehrle 2020 ©