Les soldats roumains, considérés comme des traîtres.

L’entrée en guerre tardive de la Roumanie aux côtés des forces alliées contre les empires centraux provoque chez les soldats allemands un véritable rejet du peuple roumain. La propagande prussienne avait depuis longtemps annoncé la victoire finale et décisive du Reich, mais cette entrée en guerre empêche, aux yeux des soldats des puissances du milieu, la guerre de se terminer et les soldats roumains, pour les Allemands, portent la responsabilité de ce report de la fin de la guerre.

Le sort des prisonniers de guerre roumains dépend en grande partie du ressenti de celui qui a la responsabilité de leur surveillance et de leur protection. Si au niveau de l’Etat, les consignes sur la façon dont il faut traiter les prisonniers de guerre, dans le cadre des Conventions de la Hague, sont identiques en ce qui concerne les Russes et les Roumains, c’est au niveau local que se font sentir les plus grandes différences de traitement.


Collection Christophe Woehrle ©

En Alsace, lorsque l’état de santé d’un prisonnier de guerre roumain le nécessite, il est transféré vers un hôpital de campagne et soigné par les médecins allemands, dans le respect des Conventions. Un soldat allemand, blessé sur le front et soigné dans un de ces hôpitaux, exprime dans une lettre à sa famille, le dégout qu’il a de côtoyer dans cet hôpital des Roumains et des Russes.



Le Lazarett de Logelbach – Phototèque SHW 068 ©

Nous n’avons absolument aucune liberté de mouvement car nous n’avons accès qu’à un petit jardin dans lequel se trouvent des baraques remplies de Russes et Roumains malades. Ce peuple sale reçoit son repas de la même cuisine que nous, il porte les mêmes vêtements et il peut arriver que nous percevions une chemise d’un de ces sales gars, alors soyons brefs, ces prisonniers sont traités à l’égal de nous. Où que l’on soit, ils nous interpellent pour avoir à manger ou à fumer. Grâce à Dieu on sera bientôt libéré de cette bande, car ils vont être transférés.

Lettre Nr. 18 (non censuré) : Logelbach, le 20 mai 1917 – Hermann Keck : Courrier militaire en provenance de l’hôpital de Logelbach-Colmar (Alsace) 


Collection Christophe Woehrle ©

Voici deux décès de prisonniers de guerre roumains qui sont déclarés à l’hôpital de Logelbach et dont les tombes n’ont pas encore pu être identifiées à ce jour dans les nécropoles roumaines de Haguenau ou de Soultzmatt.

Merci de nous aider à retrouver leurs familles et nous travaillons à retrouver leurs sépultures.

Preda Albastroju, soldat de la 1ère Compagnie du 41e Régiment d’Infanterie, né en 1876 à Predesti dans le judet de Dolj, fait prisonnier le 18.11.1916 à Peschtana, décédé le 25 juin 1917 à Logelbach.

Vasile Dominte, soldat de la 9e Compagnie du 2e Régiment de Forteresse, né en 1875 à Miroslavesti judet de Suceava, fait prisonnier le 22.11.1916 à Tigveni, décédé le 6 mai 1917 à Logelbach.

Christophe Woehrle 2020 ©