Genèse d’une nécropole roumaine – Soultzmatt

Pour l’article de la semaine, j’ai choisi de vous présenter, en exclusivité, la genèse du projet dans les années 1920, de la construction d’une nécropole roumaine à Soultzmatt dans le Haut-Rhin. Cet article vous présente des éléments visuels inédits et jamais publiés.

Dès la fin de la guerre, un comité français des tombes roumaines est créé à Paris avec des antennes en Alsace et en Lorraine. Celui en Alsace est dirigé par Max Dollfuss, industriel mulhousien, celui de Lorraine par le célèbre Général Berthelot, gouverneur militaire de Strasbourg, que l’on ne présente plus en Roumanie. La mission du comité est de rassembler les dépouilles mortelles de toutes les victimes roumaines décédées en captivité et disséminées sur le territoire français dans un lieu servant de nécropole. Le choix se porte rapidement sur Soultzmatt et son lieu-dit « Val du Pâtre » qui a accueilli, pendant la guerre, un des plus gros détachements de travail de Roumains captifs. La Reine Marie est partie prenante de l’opération et pèse de tout son poids et de son prestige pour que l’opération soit un succès. C’est à partir du cimetière existant à l’orée de la forêt que va être choisi l’endroit où seront inhumés les prisonniers de guerre roumains.

Cimetière en 1919 – Archives de la Ville de Mulhouse ©

De nombreux projets sont présentés au Comité d’Alsace des Tombes Roumaines dont la composition est la suivante :

Max Dolfus à Mulhouse, Président
Baronne de Berckheim née de Pourtalès à Schoppenwihr, Vice-présidente
Jules Delrieu à Strasbourg
André Hartmann à Munster
Professeur Kleinknecht à Mulhouse
Docteur Kubler, ancien maire de Soultzmatt
Xavier Ostermeyer à Rouffach
Camille Schlumberger, maire de Ribeauvillé
Charles Schulé à Mulhouse
Commandant Tatarano à Neuf-Brisach.

Les premières inhumations ont lieu dans la nécropole dès 1920

Archives de la Ville de Mulhouse ©


Le but du comité est de procéder à l’exhumation des tombes de plus de 1100 prisonniers de guerre roumaines amenés par les Allemands en Alsace, où ils moururent de privations et mauvais traitements. Le cimetière édifié au Schaefertal près Soultzmatt sur des terrains donnés à la Roumanie par la commune de Soultzmatt, le tout subventionné par le gouvernement roumain. Plusieurs projets sont alors présentés, en 1920 au comité alsacien.

C’est à l’été 1920 que commencent les travaux de la nécropole. Max Dolfus en supervise chaque étape et les exhumations sont organisées par l’adjudant-chef Zaharia chargé par le Ministère de la Guerre de Roumanie de la bonne exécution des opérations sur le terrain. Le terrain est cédé officiellement par la commune de Soultzmatt au gouvernement roumain.

Dotation d’un terrain situé dans le canton de la Gauchmatt commune de Soultzmatt.
Le conseil municipal délibéra que la commune de Soultzmatt mettra à la disposition du gouvernement roumain un terrain situé dans le canton dit de la Gauchmatt pour établir un cimetière collectif pour l’inhumation des soldats roumains décédés pendant leur captivité en Alsace et fera don du terrain au gouvernement roumain. Suivent les signatures.

Archives de la Ville de Mulhouse ©

C’est en 1924 que le cimetière est achevé et qu’est organisée l’inauguration de la Nécropole. Les Souverains Roumains feront le déplacement pour y assister. Depuis, chaque année, une cérémonie est organisée dans le cimetière où se rassemble une forte présence de Roumains expatriés en Alsace. L’histoire du lieu et des hommes qui y reposent, reste toutefois généralement ignorée par la population locale.

Archives de la Ville de Mulhouse ©