Walheim – les inconnus de la nécropole de Soultzmatt

Lorsqu’on observe les tombes du Carré 5 de la nécropole roumaine du Schäfertal à Soultzmatt, on découvre plusieurs tombes d’inconnus. Pour certaines, seule la mention du lieu de décès est indiquée, pour d’autres, il y a présence d’un matricule. Si identifier les tombes de ceux qui n’ont pas d’indications du matricule s’avère impossible, l’historien pourra toutefois désigner les identités de ceux qui reposent dans ce carré. Pour les autres, où le matricule est indiqué, commence une enquête longue et fastidieuse permettant, peut-être, de redonner à une tombe d’inconnu, un nom, un prénom et même, retrouver sa famille !… Un formidable espoir pour ceux qui attendent depuis 120 ans de connaître le destin d’un membre de leur famille.


Photo Christophe Woehrle 2015 ©

Le 26 janvier 1917, alors que les températures de l’hiver le plus froid atteignent – 20°C, un détachement de 1000 prisonniers de guerre roumains arrivent depuis la Pologne dans le secteur sud de l’Armée B allemande, chargée de renforcer le front et de construire une voie ferrée pour alimenter en munitions la ligne de défense. Les Roumains sont répartis en deux détachements, l’un à Steinbrunn-le-Bas et l’autre à Walheim. Le camp est situé à l’extérieur des villages et les hommes sont logés dans des baraques en bois. Diminués, affables, malnutris, la grande majorité est inapte au travail et les premiers décès sont inscrits dès le premier jour de l’arrivée des captifs.


Baraques ayant servi à l’hébergement des prisonniers dans la région de Walheim
Collection Christophe Woehrle ©

35 tombes du cimetière de Soultzmatt portent l’inscription décédé à Walheim, mais aucun de ces prisonniers de guerre roumain n’est identifié sur l’épitaphe. Le Comité d’Alsace des Tombes Roumaines compte 38 tombes en 1920 et la légation roumaine déclare exhumer 34 corps vers Soultzmatt. A ce jour, 30 prisonniers de guerre roumains ont pu être identifiés comme étant décédés à Walheim. Les quatre manquants pourraient être des prisonniers de guerre italiens … mélangés aux Roumains, ils ont connu le même sort et les mêmes conditions terribles.


PG Italiens – Deutsches Historisches Museum, Berlin ©
  1. Constantin Bachnea, 1882 Ferastrau Putna, 11 février 1917.
  2. Jon Bazgan, Hulubesti Dambovita, 15 février 1917.
  3. Toader Bazua, 1889 Tichiris Putna, 13 février 1917.
  4. Jon Beldie, 1881 Rosioride-Vele Teleorman, 11 avril 1917.
  5. Nikulae Boboc, 1884 Maneciu Prahova, 3 mai 1917.
  6. Florea Buba, 1894 Bezdeadu Dambovita, 25 février 1917.
  7. Pena Cascaval, 1882 Flamanda Teleorman, 20 février 1917.
  8. Tzandafir Cobzanu, 1882 Jsoaru-de-Jos Arges, 13 février 1917.
  9. Constantin Croitoru, 1883 Corcova Mehedinti, 8 mai 1917.
  10. Petrache Gogan, 1882 Corbasca Tecuci, 18 février 1917.
  11. Andrei Hotoiu, 1887 Botesti Dambovita, 12 mars 1917.
  12. Costache Florea, 1885 Glambocata Dambovita, 15 février 1917.
  13. Jon Ivan, 1886 Lucieni Dambovita, 17 février 1917.
  14. Gheorghe Jacoboae, 1881 Hanesti Dorohoi, 16 février 1917.
  15. Vasili Jon, 1878 Valea-Marlin Arges, 25 février 1917.
  16. Vasili Lechia, 1884 Racoasa Putna, 27 février 1917.
  17. Nikulae Moise, 1888 Radeni Botosani, 6 février 1917.
  18. Gheorghe Nedelcu, 1879 Tiganesti Muscel, 25 mars 1917.
  19. Pascu Negrescu, 1886 Peretu Teleorman, 15 février 1917.
  20. Radu Nuta, 1880 Lucieni Dambovita, 26 février 1917.
  21. Niculae Pana, 1881 Bleajori Prahova, 26 janvier 1917.
  22. Jon Pasalau, 1885 Negolesti Tecuci, 23 février 1917.
  23. Petre Sapunaru, 1881 Odobesti Putna, 13 février 1917.
  24. Jon Stan, 1895 Tinosu Prahova, 21 février 1917.
  25. Miron Stefan, 1881 Jaristea Putna, 18 février 1917.
  26. Nikulae Sturzu, 1883 Butnaresti Roman, 26 juin 1917.
  27. Anghel Taranu, 1885 Naraju Putna, 16 mars 1917.
  28. Jon Terecoasa, 1890 Comamie Prahova, 24 février 1917.
  29. Dumitru Tutu, 1886 Ludesti Dambovita, 13 avril 1917.
  30. Jancu Ursaru, 1882 Barlat Tutova, 15 mars 1917.

Christophe Woehrle 2020 ©