BUCUR – BERBEC – GHITA

Sarrebourg (Saarburg) est une ville du département de la Moselle en Lorraine, pendant la guerre elle est un carrefour important vers les fronts. Elle abrite un des plus grands Lazarett, hôpital de campagne de la région, les prisonniers de guerre roumains y sont soignés et beaucoup meurent dans cette ville. 

Lazaret Sarrebourg – Collection Christophe Woehrle ©

Les autorités allemandes déclarent plus de 250 décès de prisonniers de guerre roumains dans la seule ville de Sarrebourg. Les corps sont exhumés après la guerre et inhumés dans la nécropole de Dieuze.

Indochinois – Document exceptionnel montrant des ouvriers travaillant à l’exhumation et à la réinhumation des soldats roumains morts en Alsace et en Lorraine – Archives de la ville de Mulhouse – Reproduction interdite ©

Parmi les tombes identifiées dans la nécropole de Dieuze et provenant de la ville de Sarrebourg on trouve trois tombes qui portent des indications rendant l’identification, des soldats inhumés, relativement difficile.

Ainsi, la tombe de Gheorghe Berbec indique qu’il fait partie du 63e Régiment d’Infanterie et qu’il est décédé à Sarrebourg le 22 mars 1917. Bucur Gheorghe fait partie du 23e Régiment d’Infanterie, lui aussi a terminé sa vie à Sarrebourg et la date indiquée est le 15 février 1917. Enfin, Bucur Ghita, appartient, comme Berbec au 63e R.I. est aussi décédé à Sarrebourg le 18 avril 1917. Les tombes identifiées portent les numéros 267, 634 et 615 de la nécropole de Dieuze. Les autorités allemandes déclarent le décès de Berbec Gheorghe au 23 mars 1917 sur une liste établie le 1er mai 1917. Une erreur de transcription rend son identification difficile, en effet sa fiche de prisonnier de guerre est conservée sous le nom de Borbec Gheorghe.

CICR ©

Le décès de Bucur Gheorghe est déclaré sur une liste du 8 mai au 18 avril 1917 et il est déclaré appartenir au 63e R.I., ce qui semble correspondre à la tombe de Bucur Ghita. Les recherches d’un soldat Gheorghe Bucur appartenant au 23e Régiment d’Infanterie s’avèrent infructueuses mais celles d’un Gheorge Bucur appartenant au 63e Régiment d’Infanterie sont vaines elles-aussi.

CICR ©

Le décès de Bucur Ghita du 63e R.I. reste introuvable, mais les recherches permettent de retrouver la déclaration de décès de Ghita Bucur du 23e Régiment d’Infanterie le 15 février 1917 à Sarrebourg, correspond cette fois à la tombe de Gheorghe Bucur. Sa fiche de prisonnier de guerre nous confirme qu’il s’agit bien du prisonnier que nous recherchons.

CICR ©

La recherche individuelle permet ainsi d’identifier avec certitude les soldats enterrés sous des épitaphes approximatives et qui interdisait, jusqu’alors, de retrouver la tombe de l’un ou de l’autre de ces soldats.

Gheorghe BERBEC est né en 1883 à Poiana dans le judet de Jalomita, il épouse Stanca et appartient à la 2e compagnie du 63e Régiment d’Infanterie, il est fait prisonnier le 11 décembre 1916 à Manasia judet de Jalomita en Munténie. Transféré au camp de Tucholà en Prusse Orientale, il arrive en Lorraine dans le courant du mois de janvier 1917. Hospitalisé à Sarrebourg, il décède des suites de sa captivité le 23 mars 1917 et est inhumé à Sarrebourg puis exhumé vers la nécropole de Dieuze ou il repose tombe 267. Seule la date de son décès est erronée.

En ce qui concerne la tombe de Bucur Gheorghe du 23e R.I. il s’agit donc de

Bucur GHITA, né en 1890 à Malu dans le judet de Jalomita, époux de Simionana, il appartient à la 12e compagnie du 23e Régiment d’Infanterie et est fait prisonnier le 12 décembre 1916 à Urziceni dans le judet de Jalomita. Il suit le même parcours que Gheorghe Berbec et décède à Sarrebourg le 15 février 1917. Inhumé et exhumé tombe 634. L’épitaphe de BUCUR Gheorghe est à modifier en GITHA Bucur les autres informations sont correctes.

Grâce aux indications de la liste d’arrivée de Berbec à Tuchel il est permis d’identifier le dernier homme de cette recherche

Gheorghe BUCUZ est né en 1881 à Chioara judet de Jalomita, époux de Stanca. Il appartient à la 2e Compagnie du 63e Régiment d’Infanterie comme Gheorghe Berbec. Il est fait prisonnier le même jour au même endroit que Berbec et suit le même destin que son camarade de régiment jusqu’à sa mort le 18 avril 1917 à l’hôpital de Sarrebourg. Enterré à Sarrebourg, exhumé et enterré dans la nécropole de Dieuze, tombe 615. L’épitaphe de BUCUR Ghita est à modifier en BUCUZ Gheorghe les autres informations sont correctes.

             Ces recherches illustrent les difficultés que peut rencontrer le chercheur plus d’un siècle après les faits et seule une connaissance accrue de la situation et des archives allemandes permet de réaliser un travail minutieux et précis. Si plus de 1200 prisonniers de guerre roumains ont été formellement identifiés en Alsace, la recherche en Lorraine et dans les autres départements où reposent des soldats roumains doit être entreprise et mérite que l’on rende à chacun son identité et que l’on restitue chaque parcours individuel en reconnaissance de leur sacrifice.

Christophe Woehrle 2021 ©